Grand format : le XV porcin, sorti de son bois, a mordu la poussière mais peut garder le groin haut
Rennes, samedi 8 septembre 2018, 10h30
La tension monte dans le vestiaire liffréen, à une demi-heure du coup d’envoi du Super 15, premier tournoi de la saison, et pas des moindres. Le grand terrain de la Bellangerais allait être le théâtre de confrontations disputées entre ni plus ni moins que les deux meilleures équipes des championnats breton et fédéral : Rennes, Liffré, Bordeaux et Paris, champion de France sortant.
Le dernier sanglier – qui s’était trompé de stade – arrive dans le vestiaire. Échauffement physique et technique sous un ciel dégagé et un soleil de plomb. La compo est annoncée et les premières consignes de jeu sont données : marquage individuel et jeu dans les espaces de rigueur. Pour des raisons évidentes de confidentialité stratégique, aucun détail supplémentaire ne sera divulgué ici. Nous remercions le lecteur pour sa compréhension.
11h, le coup d’envoi est donné entre les hôtes rennais et leurs voisins liffréens. Les deux équipes effectuent une entame de match sérieuse et les sangliers ne déméritent pas. Quelques erreurs techniques dans la transmission du ballon sont cruellement punies : 2 buts encaissés portent le score à 7-3 (2-1 / 0-3) pour les hommes en rouge à la mi-temps. Les 20 minutes de jeu suivantes ne suffisent pas à renverser la vapeur. Grâce à de beaux efforts défensifs de Jean Jano Thoumelin et consorts, aucun ballon ne trouve le chemin des filets, mais un manque de réussite technique dans la moitié de terrain rennaise empêche la horde de marquer le moindre point. 11-3 score final (2-5 / 0-3), une défaite d’entrée qui n’efface pas les points positifs dans le jeu.
Le tournoi se poursuit avec un match très disputé entre Parisiens et Bordelais, voyant les premiers s’imposer 12-8 (2-6 / 1-5). Les sangliers, regroupés derrière un but, officient en tant qu’umpires en prenant une pause déjeuner bien méritée ! Tous ? Non ! Théo Judéaux, gardien titulaire indiscutable de l’équipe B liffréenne prête mainforte aux Bordelais en manque de joueurs. Déjà le deuxième match d’une journée marathon pour lui.
Paris Gaels joue ensuite contre les locaux et l’emporte sur un score plus confortable (1-4 (7) / 3-7 (16)). Une rencontre de haut vol interrompue par un rare et spectaculaire choc frontal entre coéquipiers rennais à la chute du ballon. Ils sont rapidement soignés et le match reprend en leur absence.
Retour à l’échauffement pour les joueurs en jaune, privés pour la suite des opérations de la vision du jeu de l’expérimenté Rémi Labarbe. Pour cette seconde confrontation, les titulaires du premier match se voient reconduits. Les remplaçants, quant à eux, allaient s’avérer très précieux dans la chaleur étouffante de cette fin d’été. Florian Aubry, fraîchement recruté fin août, allait faire des premiers pas appliqués en compétition. Ancien rugbyman, il allait toutefois se surprendre à plaquer un adversaire (servant d’exemple à Bastien Fougère qui ira plus loin dans l’exercice, mettant à terre un attaquant parisien, une accolade au goût de gazon qui aurait même été sifflée faute sur un terrain de rugby). Théo Judéaux, Timothé Deniel et Eliaz Créhé-Pohard, 17 ans ou presque, habitués depuis plusieurs saisons déjà au ballon rond irlandais, sont un peu moins familiers des grosses écuries françaises, adversaires du jour. Pourtant, Eliaz allait attirer à lui, ballon en main, des défenseurs bordelais puis parisiens, créant ainsi de précieux espaces de jeu pour ses coéquipiers offensifs. Timothé allait lui rentrer au milieu de terrain, poste exigeant physiquement, et faire le job pour ralentir les avancées adverses. Théo enfin, malgré quelques buts encaissés, allait sortir de somptueuses parades pour repousser le ballon de la zone dangereuse et distiller de très bons dégagements.
Comme contre Rennes, la première moitié du match est bonne, équilibrée même. À quelques minutes de la fin, Liffré mène encore de deux points, mais un but Bordelais suivi d’un coup de pied entre les perches inverse la situation : deux points d’avance pour les Girondins à la mi-temps. La deuxième période est quelque peu désorganisée côté sangliers. Cette fois, l’addition est salée avec 3 buts encaissés qui permettent à Bordeaux de s’envoler au score. Les derniers efforts fournis sur le côté gauche par le rapide Florian BG Charlier – piqué au vif après qu’il ait perdu un duel alors que, selon nos informations, il n’attaquait manifestement pas son ballon – ne suffisent pas. Liffré s’incline sur le score de 7-18 (2-1 / 4-6).
Les sangliers qui, comme chacun le sait, sont habitués aux sous-bois, cherchent de l’ombre avant leur dernier match. Chaleur oblige, ils veillent à bien s’hydrater (avec de l’eau, ndlr).
Alors que Bordeaux prend le meilleur sur Rennes d’une courte tête (3-6 (15) / 1-9 (12)), un peu de repos fait le plus grand bien aux coéquipiers en jaune et noit. Pour cette revanche de la finale perdue des championnats de France en juin dernier, quelques changements de poste sont à prévoir. Pour la troisième fois de la journée, le stade de la Bellangerais vibre au son des « Liverieg, Liverieg » de l’équipe regroupée, cri de guerre légendaire dont les paroles restent un certain temps incomprises des nouvelles recrues.
16h, le coup d’envoi de la dernière rencontre de ce Super 15 édition 2018 est donné, et ce sont des Liffréens concentrés qui débutent la rencontre. Menés par les qualités de relance et de conservation du ballon d’Antoine Rocco Duros, le groupe fait preuve d’application dans les passes et d’implication sur les relais dans les espaces. Les mains fermes de Bastien Le François et Julien Baudy catchent bien souvent les ballons qui leur sont destinés, mais ils sont poussés sur les extérieurs par une défense parisienne organisée. Antoine Botrel, meilleur marqueur des championnats de France, en manque de réussite au pied, joue le rôle d’aimant à défenseurs, ouvrant des espaces pour ses partenaires. Bastien Fougère, pour sa deuxième année au club, conserve le ballon au milieu de terrain malgré les pressions adverses. Bruno Durocher quant à lui, passé de gardien à milieu de terrain pour ce Super 15, reste une des cibles préférentielles des dégagements de Théo. Malgré une défense individuelle très sérieuse de Gwenaël Malo, Julien Camard, Gaëtan Tata Danet, puis Loïc GG Bernier face aux attaquants les plus rapides du tournoi, l’arrière-garde liffréenne ne peut empêcher les coups de pied assassins de l’attaque francilienne qui trouvent presque systématiquement le chemin des perches. Distancé par le rapide n°10 parisien, Julien Camard commet une faute à « épaule contre dos », évitant un tir que Théo aurait sans nul doute arrêté. Penalty et carton noir sont eux aussi évités, l’arbitre en profitant pour siffler la fin du match, et du tournoi par la même occasion, adjugeant la victoire finale aux parisiens (3-7 (16) / 1-4 (7)).
Trois matchs, trois défaites pour les sangliers, mais un bilan très encourageant en l’absence de quelques précieux titulaires. Une première expérience à 15 pour beaucoup qui permet d’aborder le championnat à venir avec des axes de progression et des points positifs dans le jeu. Même vaincus, les sangliers chantent de retour au vestiaire. Du plaisir de jouer et de la franche camaraderie, n’est-ce pas là l’essentiel ?